« L’eau c’est la vie », dit-on.
Depuis quasiment la création du monde, la zone de santé rurale de Kamango (Chefferie des Watalinga, groupement Baniangala et la localité de Kikingi), à linstar d’autres cieux de la planète, reste confrontée à un problème criant du manque d’eau et de consommation d’eau impropre.
Face à cette difficulté réelle, les femmes et les filles sont les plus touchées par la crise de l’eau.
Dans 7 cas sur 10, les foyers sans point d’eau à domicile s’en remettent aux femmes et aux filles pour la collecte de l’eau. À l’échelle du globe, les femmes sont les plus susceptibles d’être chargées de la collecte d’eau du foyer, tandis que les filles ont près de deux fois plus de chances que les garçons de se voir confier cette responsabilité et y consacrent plus de temps au quotidien. Les temps et les distances qu’elles passent à aller chercher de l’eau est susceptible de les exposer à d’énormes difficultés. Ces difficultés peuvent être d’ordre sécuritaire, éducatif, social, sanitaire et économique.
SÉCURITÉ
Sur le plan sécuritaire, les femmes et les filles ont moins de chance de se sentir en sécurité quand elles vont collecter de l’eau. Pour franchir des longues distances, elles sont, généralement, exposées au viol par des inconnus en cours de chemin.
ÉDUCATION
Que d’aller à l’école, les filles doivent aller chercher de l’eau. À la suite de franchir des longues distances pour la recherche de l’eau, de fois, elles sont même empêché d’aller à l’école. Aussi, les écoles sans infrastructures (eau, assainissement et hygiène) deviennent des endroits à haut risque d’infections. Les écoles sans dispositifs de l’hygiène menstruel empêchent la scolarisation des jeunes filles tous les mois dans certaines régions.
SANTÉ
Les communautés sans installations en eau potable sont affectées par les maladies hydriques. Les centres de santé sans infrastructures en eau deviennent des endroits à haut risque d’infections. La diarrhée génère une mauvaise absorption des nutriments, un affaiblissement immunitaire et peut entraîner la mal nutrition. Sans infrastructures en eau potable, la production de nourriture (abattoirs, restaurants, cantines, cuisine domestique,…) devient une source de maladies.
ÉCONOMIQUE
Les personnes (spécialement les femmes dans certains pays) doivent aller chercher de l’eau au lieu de travailler. Certaines activités productives (notamment l’agriculture) ne peuvent pas fonctionner sans accès à l’eau. Cette difficulté réduit la possibilité pour les femmes de gagner un revenu.
SOCIAL
Le manque d’accès à l’eau peut créer des conflits entre différentes communautés et à l’intérieur des communautés. Le manque d’accès à l’eau peut créer des disparités sociales dans les communautés (sociales, genres,…).
Toutes ces difficultés sont aussi, depuis des décennis, ressentie par la population de la zone de santé rurale de Kamango, territoire de Beni au Nord-Kivu, Est de la République Démocratique du Congo.
De nombreux acteurs, locaux et internationaux, dont l’Organisation Non Gouvernementale Welthungerhife (WHH), œuvrent depuis plusieurs années pour tenter d’y apporter une solution.
Depuis décembre 2020, grâce au financement de l’union européenne, Welthungerhilfe (WHH) avait mis en œuvre un projet multisectoriel de prévention de la malnutrition en zone de santé de MASEREKA et KAMANGO pour une durée de 36 mois. A travers ce projet, quelques infrastructures avaient été construites pour faciliter l’accès aux services sociaux de base.
Parmi les infrastructures qui avaient été construites en zone de santé de KAMANGO figure un réseau de distribution d’eau qui dessert six (6) villages en eau potable à travers vingt deux (22) bornes fontaines publiques le long d’une distance de 22 kilomètres. Il y a également trois centres de santé connectés à ce réseau pour avoir accès à l’eau potable. Il s’agit des centres de santé Kamanzara, Njiapanda et Bugando. Ce réseau fonctionne de manière gravitaire avec un bac de décantation de 1 m³ et un réservoir de 60 m³. Les sources captées se situent sur le mont Ruwenzori dans le village Kaghando, aire de santé KAMANZARA.
Plusieurs bornes fontaines avaient été donc mises à la disposition et rapprochées de la population longtemps victime des conséquences de la pénurie d’eau potable. Du groupement Batalinga jusqu’à la localité de Kikingi passant par les groupements de Bahumu, Bawisa et Baniangala, WHH a soulagé tant soit peu la population étant donné que les difficultés de tout bord ci-dessus énumérés ont trouvé, à quelque sorte, une solution.
Pour la durabilité de ces ouvrages d’eau, une politique est entrain d’être mise en place par le bureau de la chefferie des Watalinga et le bureau de la zone de santé de Kamango en collaboration avec l’organisation non gouvernementale Welthungerhife, WHH. De ce fait, une société spécialisée en la matière a déjà été mise en place. Il s’agit de la société d’entretien et construction des infrastructures pour le développement (SECIDI). Grâce à une bonne collaboration entre l’État et cette structure (SECIDI), il y a lieu d’apporter une solution durable au problème de gestion et de maintenance des ouvrages de distribution d’eau dans la zone de santé rurale de Kamango. Ce protocole vise à définir les responsabilités et mécanisme de collaboration liés aux activités de maintenance et gestion des ouvrages de distribution d’eau en zone de santé rurale de Kamango.
Contactées par la rédaction de kivuactualites.com, les populations de ces entités ont reconnues le mérite de cette organisation en la matière. Elles en ont ainsi formulées un message de remerciement et d’encouragement, avant de souhaiter à d’autres organisations intervenant dans le même domaine d’emboiter les pas de WHH. Pour elles, les difficultés liées à la collecte d’eau ont diminuées à un pourcentage très considérable. Elles affirment ne plus ressentir des soucis pour accéder à l’eau propre à la consommation. Pour accéder à l’eau,ces femmes ne font plus face à des longues distances qui les exposaient aux actes de viol. À raison du rapprochement entre la population et les bornes de fontaine, d’une part et de la multiplicité de ces bornes fontaine, d’autre part, les femmes et filles ne mettent plus en place des longues durées pour se procurer de l’eau et sont de moins en moins exposées aux infections et autres maladies hydriques. Toute chose restant égale par ailleurs, ces facteurs mettent les femmes et filles à l’abri des actes de viol.
En effet, depuis plus de deux décennies, la zone de santé de KAMANGO dans le territoire de Beni au Nord-Kivu a été victime d’un cycle des violences orchestrées par les groupes armés locaux et étrangers. Cette situation occasionne des mouvements récurrents de la population. Pendant les déplacements, la population abandonne tout. Ce qui occasionne le délabrement des infrastructures de base telles que les routes de dessertes agricoles, les ouvrages de distribution d’eau, les centres de santé, écoles…
Pendant le retour des populations, la vie reprend difficilement dans les villages à cause de l’accès difficile aux services sociaux de base. Pour faire face à cette situation, certains partenaires essaient de réhabiliter ou construire les ouvrages délabrés mais qui ne durent pas longtemps à cause du manque d’un bon système de gestion et maintenance.
Parmi les grands défis actuels de la zone, figure l’accès difficile à l’eau potable. La zone de santé de KAMANGO compte environ 170.608 personnes disséminées dans 15 aires de santé, mais seulement environ 40% ont accès à l’eau potable. La situation est tellement alarmante au niveau de trois aires de santé où il n’est pas facile de résoudre le problème à cause d’insuffisance ou manque des sources hygiéniques à capter. Ces aires de santé sont BUGANDO, MULOPYA et KITIMBA.
La plupart de la population de ces aires de santé sont des pauvres retournés qui font recourt aux eaux de rivières et marécages impropres à la consommation pour des faits ménagers avec tous les risque de contracter les maladies hydriques.
Il est donc nécessaire de poursuivre les efforts entrepris par WHH pour faire en sorte que les progrès réalisés en la matière par l’organisation contribuent à l’accès facilement total en eau potable, à l’éradication des maladies hydriques, à l’amélioration de la vie sociale, à la promotion de l’éducation de la jeune fille ainsi que la hausse du revenu des ménages.
Beni, Philémon Kachelewa