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À Rome, la vie civique a proposé, durant près de cinq siècles, d’appliquer un cadre normatif à la situation d’exception. On y a fait recours à la pratique du « tumultus » et le recours à la dictature dite « classique » jusqu’à son abandon à la fin du IIIe siècle avant Jésus-Christ.

Le tumultus dont l’étymologie transparente traduit un péril imminent (cf. l’expression decernere tumultus: décréter l’état du tumulte pour sauver la patrie en danger), est une pratique ancienne qui s’apparentait à l’actuel état de siège. Le tumultus décrété est la levée de masse, la guerre soudaine des citoyens pour faire face à un danger qui touche tout ou partie de la république.

À la mort de César, Cicéron, croyant que la république viendrait à sombrer dans le désordre de népotisme, entre autres, si Marc-Antoine prenait le
pouvoir, tient les « Philippiques ». Ceux-ci sont des discours violents contre Marc Antoine.Par le tumultus, le citoyen se mue en soldat pour sauver sa patrie. Cicéron plaide ainsi pour le tumultus devant le sénat en 44-43 av. J-C. « Je dis qu’il faut décréter le tumultus, décider de la suspension des affaires judiciaires, endosser la tenue militaire, faire des levées, en supprimant l’exemption dans la Rome et dans l’Italie tout entière ».

Le tumultus est la mobilisation générale ; il est le plus haut niveau de réaction à une agression extérieure (invasion, sédition dans une province) à travers une formation exceptionnelle et accélérée de l’armée, décidée par le sénat qui autorise alors les magistrats supérieurs (ceux qui occupent les hauts rangs dans la
république) à la levée, le plus souvent en cas de péril extérieur. À ce titre, l’historien Tite-Live fait savoir qu’en cas de tumultus,les magistrats en partance pour le champ de bataille, à l’extérieur de Rome, vont jusqu’à enrôler les soldats sur le chemin.

En Grèce antique, durant la première année de l’olympe 107 av. J-C, Démosthène déploya toute sa verve oratoire pour barrer la route à la domination de Philippe de Macédoine. L’orateur implorait un sursaut patriotique de ses concitoyens contre Philippe de Macédoine qui assiégeait déjà certaines des cités alliées à Athènes. Même si Démosthène se heurtait à l’insouciance de ses concitoyens, l’homme plaida lui-même le “poliorketikos”, le poliorcétique, qui est une des techniques de la défense des villes contre les sièges.

En France, l’état de siège fut institué par la loi du 03 avril 1878.Ses premières applications avaient pour objet de mettre fin aux troubles intérieurs : en juin
1848 quand on devait mater la révolte des ouvriers contre la fermeture des ateliers nationaux (l’organisation qui était destinée à fournir du travail aux chômeurs parisiens après la révolution de février 1848) et pour mettre en échec la révolte de la Commune de France du 18 mars au 28 mai 1871 pour riposter à l’insurrection qui traduisait le refus de reconnaître le gouvernement issu de l’Assemblée nationale (ce fut le rejet de cette organisation libertaire menée par Bismarck lors de la guerre franco-prussienne et au siège de Paris).

L’état de siège fut déclaré aussi pendant la première et la seconde guerre mondiale.L’état de siège est donc en soi un éveil patriotique, par lequel les cités ou les provinces non encore assiégées doivent réfléchir à la stratégie; afin de vite extirper le mal qui ronge un allié.Une province ou une cité qui s’en va aux mains de l’ennemi est un manque à gagner au trésor public. Le tumultus et le poliorketikos entraînaient ainsi la suspension de toutes activités judiciaires, le
citoyen servant dans l’armée n’étant plus disponible pour exercer une partie de ses droits civiques.

Quand les armées de Rome et de la Grèce se professionnalisaient, le tumultus et le poliorketikos, ces notions assez proches de l’état de siège, sont restées dans la mémoire collective comme synonymes de très vive alerte. Puisque à un certain moment l’armée devenait une profession en période d’alerte on se doit de l’accompagner volontairement. Protéger sa terre c’est se protéger soi-même. Nous sommes la terre (poussière) à laquelle nous retournerons ! Si pour le Philosophe Thales, « tout commence par l’eau », personne de nous ne douterait que de la terre, que nous devons défendre, naît l’eau qui constitue la matière première de la semence (le sperme) dont chacun de nous congolais est né ! Un Roi romain voulut léguer le règne à l’un de ses deux fils. Il les envoya chez le dieu Apollon; en cherchant à savoir qui donc d’eux en personne pourrait régner sur Rome. Il (Apollon) leur répondit qu’il aura les pleins pouvoirs de Rome celui-là qui le baiserait sa mère. C’est alors que Brutus, de même que tombé par hasard, appliqua sa bouche [coïta, s’accoupla avec] sur la terre, en ce qu’elle est la mère primitive (commune à) de tous ceux appelés à mourir un jour.

Les autres nations ont résisté pour leur dignité. Nous pouvons, nous aussi. Nous avons le droit à nous défendre comme d’autres nations !

Me Muhindo Mulumbi Jackson

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