Dans son émission de débat dite « dialogue entre congolais » du mercredi 10 août courant, radio Okapi est revenue sur l’attaque de la prison centrale de Butembo-Kakwangura par des présumés rebelles de forces démocratiques et alliés (ADF). L’un des invités à ce débat était le capitaine Anthony Mwalushayi, porte parole du secteur opérationnel SOKOLA1 Grand Nord.
Dans son intervention, l’officier militaire a retracé le contour sécuritaire qui caractérise ces dernières années la région de l’Est de la RDC en général et plus particulièrement la région de Beni-Butembo. Dans sa communication, il a aussi évoqué certains éléments qui peuvent avoir concouru à l’attaque de la prison centrale centrale de Butembo-Kakwangura.
Capitaine Anthony Mwalushayi a tour à tour révélé, par exemple, que: « la prison étant située au milieu de la population, les ADF seraient venus d’une parcelle proche(1), l’évasion serait commanditée par ceux qui travaillent contre l’état de siège(2), Butembo est une ville habitée par les groupes de pression et les mai mai(3), dans la region, chaque leader a un groupe mai mai(4), la population de Butembo se métamorphose en Mai-Mai ou en ADF(5), il existe dans la région des soldats qui ont plus de dix ans de service(6) ».
Cette sortie médiatique a été très mal digérée par plusieurs acteurs socio-politiques de l’Est de la RDC, région qui fait face à l’activisme des groupes armés locaux et étrangers, et dont les populations civiles locales en sont les véritables victimes. L’un de ceux qui ont été révolté par ces allégations du porte parole du secteur opérationnel SOKOLA1 c’est le député provincial du Nord-Kivu Bertrand Ngwali. En termes très tranchants, l’élu provincial du territoire de Beni a qualifié les propos de l’officier militaire de « gravissime et de nature à porter d’un mauvais germe ». D’après lui, le porte parole du secteur opérationnel SOKOLA1 doit revoir sa façon de communiquer qui, s’il continue, risque d’entraver le mariage civilo-militaire.
« La communication tenue par l’un des intervenants, notamment Anthony Mwalushay au dialogue entre congolais de ce mercredi 10 août 2022 serait porteuse d’un mauvais germe. Entant que officier militaire, il doit filtrer ses propos avant de les mettre sur la place publique. Des telles allégations graves risquent d’avoir un incident sur le mariage entre civils et militaires pourtant longtemps recherché et prêché de part et d’autre. Si Anthony Mwalushay n’avait rien à expliquer, se taire ou refuser l’invitation de la radio était pour lui très sage que de se livrer à des hérésie qui ne tiennent pas debout », a fait sèchement savoir le député provincial Bertrand Ngwali.
Et d’ajouter : « Si notre pays disposait d’un appareil judiciaire digne, cet officier militaire serait interpellé afin qu’il éclaircisse ses allégations. D’ailleurs notre message ici vaut une interpellation des autorités militaires pour exploiter les propos du porte parole afin qu’une lumière soit réellement dégagée autour des vrais auteurs de l’attaque de la prison de Butembo-Kakwangura », s’est indigné Honorable Bertrand Ngwali.
Le député Bertrand Ngwali justifie sa colère contre les propos du capitaine Anthony Mwalushay par le fait que « la population qu’il accuse de nouer des liens avec les assaillants, c’est cette même population qui aidé l’armée en neutralisant trois (3) d’entre les auteurs de l’attaque de la prison puis les brûler vifs avant de remettre leurs armes aux autorités de la ville ». Selon lui, « si cette population entretenait des relations avec des groupes armés, elle ne remettrait pas non plus ces armes de guerre. Malheureusement, que de l’encourager, le porte parole du secteur opérationnel SOKOLA1 ne s’est contenté que de cracher sur les efforts et la contribution de cette brave population », a-t-il conclu
Rappelons-le, plusieurs centaines de prisonniers se sont évadés la nuit du mardi au mercredi 10 août 2022 dans la prison centrale de Butembo-Kakwangura. C’était lors d’une attaque sanglante attribuée aux rebelles de forces démocratiques et alliés (ADF).
Sidérés, des jeunes braves de certains quartiers de la ville de sont mobilisés comme un seul homme pour pourchasser les assaillants auteurs de cette attaque jusqu’à mettre la main sur trois (3) d’entre eux qu’ils ont, par la suite, brûlés vifs avant de remettre leurs armes de guerre aux autorités de la ville.
Philémon Kachelewa depuis